Trois films sortis en salle le 19 novembre 2014 ont en commun de décliner, sur leur affiche, le même motif du cercle.
Eden, d’abord.
Pour un film racontant la vie de DJ des années 90, la forme circulaire semble aller de soi. L’affiche se transforme ainsi en platine sur laquelle un disque vinyle attend d’être manipulé. Un vinyle constitué de collages adolescents qui confèrent à l’ensemble quelque chose de nostalgique. Ce sont autant de moments qui se juxtaposent, qu’on ne veut pas oublier, mais qui relèvent tous d’un passé révolu. Eden, donc, pour évoquer une époque au goût de paradis perdu… Jerome Bosch associait déjà le cercle, la sphère, forme parfaite, absolue, sécurisante, au paradis.
Calomnies, ensuite.
Le jardin d’Eden est bien loin de l’affiche du film de Jean-Pierre Mocky qui nous plonge au contraire dans un enfer rouge, enflammé, enfermant. Plus de sécurité ici, mais le cercle comme métaphore de l’opinion publique et de certains de ses effets potentiellement dévastateurs. Pour preuve, ce doigt en forme de serpent qui semble cracher son venin sur une victime de la vindicte populaire représentée par ce groupe de personnes, en bas de l’image, pointant du doigt un homme qui court. Un cercle dantesque enfermant, avons-nous dit, puisqu’il n’est visuellement pas possible d’en sortir.
Hunger Games La Révolte, enfin.
La figure du cercle renvoie ici bien plus à l’anneau, ce qui suggère l’idée d’un personnage élu pour une mission particulière (révolte, révolution ?) voire d’un personnage de saint, le cercle faisant également penser à une auréole. On retrouve pourtant dans l’affiche les flammes de l’enfer. Et les ailes dont est affublée l’héroïne renvoient au phénix renaissant de ses cendres. Le cercle ici renvoie donc au sacré et mythe.
Trois affiches, donc, mais un même motif pour les mêmes sens induits : la figure du cercle sécurise tout autant qu’elle enferme. Forme parfaite, absolue, elle ne signifie qu’en fonction des autres signes qui l’accompagnent :
- Le cercle d’Eden, c’est le ventre de la mère qui protège et rassure ;
- le cercle de Calomnies, c’est la société qui enferme et qui juge ;
- le cercle d’Hunger Games, c’est l’élu qui triomphe du mal.
Au final, le cercle dans les affiches de ces films comme dans bon nombre de publicités est bien cette figure qui véhicule une certaine idée de la sécurité, du pouvoir, de la performance et de la force.