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Jobs, une affiche polysémique

Des couches de couleurs pour exprimer les différentes facettes de Steve Jobs : c’est ce que propose l’affiche de Jobs, bien différente des affiches de biopic habituelles, et qui fait rimer polychromie et polysémie.

L’homme

Dénuée de ses couleurs, l’affiche de Jobs est la reproduction parfaite de l’une des photos les plus diffusées de Steve Jobs.

L’homme à lunettes et barbe de quelques jours, incarné à l’écran par un Ashton Kutcher dont la ressemblance avec le créateur d’Apple est saisissante, fixe le spectateur dans les yeux pour mieux l’interpeller – accroche relativement classique pour une affiche de biopic.

Le rebelle

L’affiche est un portrait psychédélique qui évoque les visions produites sous l’emprise du LSD, drogue que Steve Jobs expérimente dans les années 70 et qui confère au récit du personnage un côté rebelle et hors-la-loi.

Jobs a conservé cette image de personnage à part, tout au long de sa carrière. Ses biographes s’accordent en effet sur le fait qu’il a toujours été en rupture avec les codes et les usages de l’univers informatique, faisant fi des résultats des études marketing, convaincu de la pertinence de ses intuitions.

L’entrepreneur

Comme le notait le site du magazine Elle, l’affiche fait penser aux couleurs du logo arc-en-ciel d’Apple, utilisé de 1976 à 1998.

L’homme incarne son entreprise, l’entreprise a construit l’homme. L’un et l’autre sont indissociables.

L’artiste

Parce qu’il a imprimé son style à des objets considérés jusque-là sans âme et qui, par la magie des couleurs et des formes, ont contribué à généraliser l’usage de l’ordinateur et des objets numériques, Steve Jobs est souvent qualifié de PDG artiste.

Intuitif, obstiné, visionnaire, Steve Jobs est créateur avant tout.

L’icône

L’affiche renvoie finalement aux portraits qu’Andy Warhol a réalisés de Marylin Monroe, Elizabeth Taylor ou encore John Lennon.

Si, comme le suggère l’équation imaginée par So/Cult, le pop se définit par la rencontre entre le mainstream et le culte. Steve Jobs est une icône pop, Apple une marque pop. A l’instar des objets qu’il a créés, Jobs est lui-même devenu un objet de pop culture, peut-être la première icône pop issue du monde de l’entreprise.

Homme, rebelle, entrepreneur, créateur, icône : à l’époque de ce que Gilles Lipovesky et Jean Serroy appellent « le capitalisme artiste« , Steve Jobs, comme le Pop art avant lui, incarne ainsi parfaitement ce mariage entre argent et esthétisme, standardisation et individualisation des objets, création et partage de valeurs. Consommation et création.

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