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Les Revenants, sur Canal+

Les Revenants, de Fabrice Gobert (Canal+), sera-t-elle la série qui révolutionnera (enfin) l’univers des séries françaises ? Pour en savoir plus, un détour par l’analyse des messages que renvoient les affiches promotionnelles, créée par BETC, s’imposait.

L’eau, le miroir

Le paysage, composé d’une vallée entre deux montagnes, se réfléchit dans une eau calme et propose au regard deux univers symétriques, l’un hors de l’eau, l’autre sous l’eau. Hors de la l’eau, une femme, jeune, regarde son double, sous l’eau. On s’attendrait à voir se réfléchir sa propre image, rappelant ainsi le mythe de Narcisse contemplant son reflet.

Il n’en est rien : le reflet, qui crée un effet de profondeur saisissant, est celui d’un homme, jeune également, qui regarde la femme dans les yeux.

L’eau, la mort

Le titre Les Revenants (comme coupé en deux dans le sens de la longueur) le confirme : l’eau est ici symbole de mort ; la surface du lac délimite la frontière entre le monde des vivants et celui des morts. Un élément vient cependant perturber le calme apparent : la main de l’homme qui surgit de l’eau et qui tisse ainsi un lien entre les deux mondes, celui du dessous (la mort) et celui du dessus (la vie), rappelant le mythe d’Orphée descendant aux Enfers chercher Eurydice.

L’eau, la mémoire

Une rose noire pour la mariée, un poignard qui a déjà frappé sa victime, un ours en peluche balafré : ces trois éléments évoquent le passé commun de la femme et de l’homme. Marqueurs narratifs, ils sont surtout l’amorce de thèmes génériques, ceux de l’amour, de la vengeance, de la blessure d’enfance. Ils font ainsi pénétrer le spectateur dans des récits possibles, qui tous illustrent cette phrase en exergue du titre : « le passé a décidé de refaire surface ».

Du passé (l’en-dessous) au présent (l’au-dessus), il y a donc ce bras qui surgit de la surface de l’eau, et cette main tendue vers la femme, puis vers le ciel. Un ciel chargé de nuages, comme l’image d’un avenir qui semble bien menaçant. Car après tout, un revenant n’est ni plus ni moins qu’un zombie, un mort-vivant qui, s’il ne dévore pas physiquement sa victime, peut dévorer son âme.

Ce que nous dit finalement l’affiche ?  Que les revenants sont parmi nous (Orphée et Eurydice), mais surtout en nous (Narcisse). Et qu’il suffit d’y croire pour les faire exister (la fiction).

Pour info :

Les Revenants, série de Fabrice Gobert (Simon Werner a disparu), produite par Canal+, avec Anne Consigny, Frédéric Pierrot, Clotilde Hesme, Céline Sallette, Samir Guesmi, Grégory Gadebois, Guillaume Gouix, Pierre Perrier…

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